Aventure: La Baule, Jour 2

Les premières photos de la journée se font à l’iPhone, les enfants dorment paisiblement. Je fais attention à ne pas déclencher le flash pour ne pas les réveiller.

Le petit déjeuner continental est à la hauteur de mes souvenirs, de cette première fois que j’y ai pris goût dans un hôtel de Tel Aviv, quand j’avais 13 ans. Mes parents ne m’ont pas beaucoup fait voyager enfant, je me suis bien rattrapé depuis. Ça fait deux ans depuis le dernier, à Jérusalem cette fois, je n’avais pas réalisé à quel point ça m’avait manqué. Les enfants sont autonomes et ont des goûts très affirmés, je me marre. Mon omelette est parfaite, c’est assez rare pour être noté.

Ça fait quatre ans que nous venons régulièrement et la ville a changé: moins de petits commerces et plus de grandes chaînes. Le Wild Café, notre spot préféré des années précédentes avec Samuel, a été remplacé par une enseigne très générique de crèmes pour la peau. Le petit restaurant qu’on se faisait une joie de refaire cette année est définitivement fermé. Le patron du marchand de jouets a l’ancienne où nous achetons des cerfs-volants nous explique que les loyers augmentent et que ça devient compliqué pour les indépendants.

Je me souviens de mes parents commerçants dans ma jeunesse, de l’époque où les gens qui travaillaient dans le domaine étaient des entrepreneurs qui avaient leur propre affaire. Aujourd’hui, plus que des salariés au SMIC qui vivent à cinquante bornes de leur job et viennent pointer sans être trop concernés. Les conseils que nous prodigue le patron du magasin de jouets sur le modèle de cerf volant à choisir, précis et détaillés, sont une rareté. Il nous précise qu’il a aussi tout le nécessaire pour les réparer si besoin et qu’il ne faut surtout pas les jeter s’ils sont cassés. Ça devrait être une évidence, mais ça ne l’est plus depuis longtemps.

Je ne souviens aussi du moment où La Baule a remplacé Cabourg dans nos cœurs, et je me demande si ça nous arrivera à nouveau de changer nos habitudes pour un nouvel endroit. Les belles villes qui sont tuées par le tourisme précisément parce qu’elles sont belles. Celle-ci est très belle, mais les magnifiques maisons du quartier résidentiel proche de la mer sont toutes fermées. Quand les locaux ne peuvent plus se loger sur place, c’est le début de la fin. Quand les seuls qui peuvent acheter sont ceux qui ne viennent que quinze jours par an, c’est encore plus mauvais signe.

Est-ce qu’on aimera moins venir ici un jour? J’espère que non, j’aime les choses qui durent.

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